Wallace & Gromit - Les inventuriers


WALLACE & GROMIT – LES INVENTURIERS


Un pilier du stop motion 

Une grande excursion est le premier court-métrage de Nick Park. A l’origine, il est un projet de fin d’études qui s’est finalement vu récompensé par l’oscar du meilleur court métrage en 1990. Ainsi, on retrouve une succession de gags plus qu’un scénario complexe. Les deux compères Wallace, un inventeur farfelu et Gromit, son fidèle compagnon, nous transportent vers un voyage sur la Lune. 

Considéré encore aujourd’hui comme un pilier du stop motion en pâte à modeler, Wallace & Gromit : Une grande excursion inspire et reste une référence dans le milieu. L’histoire commence dans la maison de Wallace, celui-ci n’a plus de fromage (« No cheeeese Gromit »), il décide alors, avec l'aide de Gromit, de construire une fusée pour rejoindre la Lune qui, comme tout le monde le sait, est entièrement faite de fromage. Là-bas, il y rencontrera un autre personnage : la cuisinière. 

« Faire très compliqué pour faciliter les choses » 

On retrouve Wallace dans différents épisodes où, en partant d’un problème simple (ici le manque de fromage) il va créer des inventions toutes plus extravagantes et extrêmes (une fusée pour aller chercher du fromage…). L’inconscience et la démesure de Wallace pourraient lui voir attribuer comme devise « Faire très compliquer pour faciliter les choses ». Le court-métrage « Un mauvais pantalon » en est le parfait exemple. En effet, il met en place un mécanisme complexe qui l’habille et le transporte de son lit à sa salle à manger pour déguster un petit-déjeuner déjà servi. 
L’absurdité et l’excentrisme des décisions de l’inventeur fou posent très clairement Wallace & Gromit comme un film à l’humour purement anglais (le nonsense). 
Le film se démarque par son côté enfantin de la pâte à modeler par l’innocence de Wallace et l’enchaînement rapide et extravagant des évènements : la création de la fusée en quelques instants, le pique-nique sur la Lune ou encore la gravité lunaire inexistante à part pour le ballon de Wallace. 

Un film plus complexe qu’il n’y parait 

Cependant, le film révèle un deuxième niveau de lecture explicite puisqu’il se répète dans de nombreuses œuvres de Nick Park. Ceci explique pourquoi le film plait à toutes les générations confondues. 

Les inventions de Wallace au cœur de l’histoire 

L’importance des machines a une place très présente dans le monde de Wallace & Gromit. Toutes les inventions qui surprennent toujours agréablement le spectateur finissent souvent, voir tout le temps, par se retourner contre son créateur ou du moins contre la figure humaine. Tout d’abord la cuisinière que rencontre les deux compères sur la Lune est une intrigue à elle seule. Munie de glue elle répare les bouts de Lune que Wallace découpe (une protectrice semblable à Wall-E) et va jusqu’à s’en prendre à lui puisqu’elle garde une massue dans son tiroir. Dotée d’une conscience, elle prend des décisions, a des émotions et des envies comme celle de rejoindre la Terre pour pouvoir y skier. Et cette cuisinière seule, sur la Lune fonctionne à l’aide de pièces de monnaie ! 
D’autres machines comme le pantalon mécanique et le petit train (« Un mauvais pantalon ») vont eux aussi s’en prendre à Wallace. La machine, création de l’Homme va à chaque fois se retrouver à être une menace pour l’Homme : l’aliénation par les machines. Wallace figure du « gentil » est à l’origine de toutes les mésaventures. 

Nick Park et les animaux 

Le second point majeur dans Wallace & Gromit est le rapport aux animaux. Gromit, le chien va venir contrebalancer la démence de Wallace. Malgré le fait qu’il ne parle pas, par l’expression que traduit ses sourcils et ses oreilles tous les messages apparaissent très clairement au spectateur : un tour de force de la part de Nick Park. Il en devient un personnage très attachant. Dans chaque film, ce sera l’animal qui prendra les commandes face à l’impuissance (ou l’inconscience) et la passivité de son maitre devant une situation. 
Le réalisateur dénonce le manque de considération que l’Homme a pour l’animal, Chicken Run en est l’exemple le plus évident. Le personnage Gromit traduit aussi très bien cette pensée. Dans le premier film par exemple, assis dans un fauteuil en lisant un livre sur l’électricité (plutôt atypique pour un chien), il le fait apparaître aux yeux du spectateur comme un personnage tout à fait doué d’intelligence. Cependant, à de nombreuses reprises, Wallace le voit plus comme un accessoire plutôt qu'un ami : il lui demande de mettre de la confiture sur ses tartines ou alors se sert de lui comme tréteau pour ses travaux par exemple. L’indifférence de Wallace face à Gromit apparaît évidente au moment où celui-ci le prend en photo alors qu’il est en train de faire un château de carte assit dans un fauteuil (rappelons que c’est un chien !). 

A la fois étrange et poétique, Wallace & Gromit est plus qu’un simple film stop motion en pâte à modeler pour enfant. 

Simon Couderc


INTERVIEW

Maylis Lescoutte - Etudiante en Lettres et Philosophie

Que penses-tu de Wallace et Gromit - Les inventuriers ?

J'aime beaucoup, le ton humouristique et les petits ressorts scénaristiques très bien structurés, c'est bien écrit et très touchant autant pour les enfants que pour les adultes.


Justement, malgré le fait que les personnages soient en pâte à modeler et que le ton soit léger, comment expliquer que Wallace & Gromit plaise aussi aux adultes ?

Je pense que les scénarios y sont pour beaucoup, ils sont construits, un brin loufoques et appuyés par une mise en scène cinématographique dynamique (les champs / contre champs, etc) !


Aujourd'hui, l'image de synthèse remplace majoritairement le stop-motion, est ce un réel progrès ou la perte d'un certain savoir-faire ?

Ils constituent chacun une démarche complètement différente, je ne pense pas qu'il y ait une opposition artistique entre les deux. Surtout même si l'image de synthèse reste majoritaire, le stop motion ne sera jamais évincé, comme ça relève des effets de mode, les tendances peuvent s'inverser.


Le nouveau film de Nick Park, Cro man est sorti au cinéma, comptes-tu aller le voir ?

Il faut voir si le pitch me convainc !


Un dernier mot ?

"Un peu de fromage Gromit ?"

Propos recueillis par Simon Couderc







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